39
Un calvaire

J’avais quitté la chaleur du lit pour aller respirer l’air encore frais de l’aube. Le soleil ne tarderait pas à réchauffer l’atmosphère et j’espérais avoir bouclé ma petite expérience avant. Alix avait raison : j’aurais dû repérer les hypothétiques Filles de Lune depuis longtemps déjà, surtout que j’avais fait une scène à Alana pour qu’elle m’accorde ce don hors du commun. Pourtant, j’avais repoussé l’échéance pour de multiples raisons, toujours valables à mes yeux. Mais, depuis quelques semaines, les possibilités étaient bien là et j’hésitais encore à m’exécuter. À ce moment précis, seule du haut de mon rempart, je tergiversais. J’aurais été bien embêtée de dire pourquoi cette réticence perdurait ; j’avais d’ailleurs éludé la question à chaque tentative d’Alix. Je me secouai et pris une grande inspiration. Puis je fis naître la magie transmise par Alana. Je compris aussitôt mon angoisse des derniers mois.

Dans mon crâne explosèrent des dizaines d’appels à l’aide, des centaines de cris de douleur, des suppliques et l’écho de milliers de souffrances. Sous le choc, mes jambes flageolèrent et je m’effondrai sur le sol, me tenant la tête à deux mains. Je me retins pour ne pas hurler ma propre douleur alors que le vacarme insoutenable ne semblait pas avoir de fin. Au prix d’un effort surhumain qui me laissa vidée de toute énergie, je suppliai la déesse de reprendre ce don que je percevais comme une malédiction. À la seconde même, le calme m’envahit. Les yeux clos, je haletais bruyamment, cherchant à recouvrer mon souffle comme si je venais de courir le marathon. Les nausées m’envahirent et un goût âcre se répandit dans ma bouche. J’ignore le laps de temps qui s’écoula ainsi, mais il me sembla s’éterniser dangereusement. Quand j’ouvris enfin les yeux, Ramchad avait disparu et le nouveau paysage me rappela de cruels souvenirs.

— Qu’est-ce que c’était ? demandai-je avec colère, les dents toujours serrées de crainte de rendre mes tripes aux pieds d’une déesse que, pour l’heure, je haïssais viscéralement.

— Ce que tu as exigé avec l’arrogance de ton nouveau statut, décréta Alana, la mine revêche.

— Je n’ai fait que demander ce qui me revenait de droit, objectai-je avec hargne. Vous-même avez admis par le passé que je ne méritais pas de combattre sans qu’on me donne un coup de main. Auriez-vous changé d’avis ?

— Ce don vient à l’état brut, Naïla, et je ne le reprendrai pas, pas plus que je n’interviendrai une nouvelle fois. À toi d’apprendre à le maîtriser pour en tirer ce que tu souhaites, sans en pâtir…

Trente secondes plus tard, j’étais de retour sur les remparts avec une irrépressible envie de m’attaquer à l’immortalité des dieux avant toute chose…

 

* *

*

 

Je relatai ma désagréable expérience à Alix, de même qu’à Kaïn et à Andréa, oubliant momentanément ma querelle familiale. Nous ne serions pas trop de quatre pour tâcher de percer le secret de ce don machiavélique.

— Et elle a accepté de te faire don de cette calamité ! s’écria ma mère, revenant à de meilleurs sentiments à mon égard.

Je fronçai les sourcils.

— C’est moi qui…

— Ce n’était pas une raison pour s’exécuter, m’interrompit Kaïn. Dire que quand on demande une vétille aux dieux, il faut tout un tas de sacrifices et de prières, et voilà qu’une nouvelle venue exige un don s’apparentant à une malédiction et elle l’obtient.

Je me tournai vers Alix, suspicieuse.

— Tu savais ce qui m’attendait ?

— Bien sûr que non ! s’écria-t-il sur la défensive.

— Ça vaudrait mieux pour toi… sifflai-je, sur des charbons ardents. Je vous ai mentionné cette faveur d’Alana dès mon retour de la Montagne aux Sacrifices, précisai-je en m’adressant à mes parents, je ne vois donc pas pourquoi vous hurlez aujourd’hui.

— Tout simplement parce que nous croyions que la déesse avait enfin mis au point une meilleure façon de repérer les Filles de Lune que cette méthode archaïque, répliqua Kaïn.

— C’est quoi au juste ce don que j’ai reçu ?

— C’est un don d’ubiquité en quelque sorte, m’expliqua ma mère, mais avec la particularité d’englober le passé et le présent.

— C’est pour cette raison qu’il n’est plus donné aux Grandes Gardiennes depuis des siècles, renchérit Kaïn. Déjà, au début du règne de Darius, il provoquait des crises d’angoisse ou de folie chez celles qui tentaient de s’en servir. La communauté des Filles de Lune étant tissée très serrée, rares étaient les Filles d’Alana qui échappaient à la supervision de leur famille ou de la confrérie avant d’être assermentées ; il était donc pratiquement inutile de posséder pareil pouvoir. Le fait qu’il soit incontrôlable le relégua rapidement à quelques inscriptions explicatives dans divers grimoires. J’ignore si on a tenté de s’en servir après cela mais…

— Oui, moi…

D’un bloc, nos regards convergèrent vers l’entrée de la bibliothèque où flottait un spectre.

— Vous permettez que je me joigne à vous ? Même si je ne suis plus qu’un spectre, ce don est tellement puissant que j’ai perçu l’écho de la tentative de Naïla et que j’ai eu conscience de la venue d’Alana. J’ai toutefois attendu que le moment soit propice à mon arrivée. J’espère que vous me pardonnerez cette intrusion…

— Si vous nous éclairez sur la boîte de Pandore que je viens d’ouvrir, je vous absous sur-le-champ…

Je n’avais pas la moindre idée de la Fille de Lune à qui je m’adressais.

— Cardine, se présenta-t-elle dans un sourire translucide. Ancienne Grande Gardienne de l’époque de Mévérick. J’ai également fait la bêtise d’exiger ce don. C’était pour moi la seule façon de repérer la sœur jumelle de Séléna. L’assermentation ayant été refusée à Mélijna, je n’avais aucune chance de la retrouver puisque je n’étais pas issue de la lignée maudite. J’étais convaincue que cette jeune femme ne nous apporterait que des ennuis. L’avenir m’a malheureusement donné raison.

L’amertume teintait les propos du spectre. Visiblement, sa colère face aux événements du passé ne s’était pas atténuée malgré le passage des ans.

— Peut-on le contrôler ?

— L’écoulement du temps rend de plus en plus ardue la maîtrise de cette magie, même si le nombre de Filles de Lune est continuellement en baisse.

— Pourquoi ? m’enquis-je dans un froncement de sourcils.

Je n’arrivais pas à saisir le fonctionnement ni ce qui avait causé ce vacarme dans mon pauvre crâne. J’avais hâte que quelqu’un m’explique enfin au lieu de ressasser le passé. Depuis ma conversation avec Alix au sujet de Wandéline, il me semblait que le temps pressait davantage, ce qui me rendait nerveuse.

— Ce que tu as entendu est l’écho de milliers de Filles de Lune vivantes ou agonisantes. Lorsqu’une Grande Gardienne utilise ce don, elle recherche les Filles Lunaires encore en vie, mais également toutes celles qui les ont précédées. Comme Andréa l’a mentionné, le problème principal vient du fait que la porteuse du don est incapable d’isoler l’écho des dernières survivantes.

— Mais comment puis-je entendre la voix de femmes depuis longtemps mortes et enterrées ? demandai-je, incrédule.

— Tu perçois leurs dernières minutes de vie. Des minutes inlassablement répétées en même temps que le présent de tes contemporaines.

— Mais ça n’a aucun sens, m’entêtai-je.

— C’est pourtant la triste réalité et il est impossible de les dissocier.

Le spectre avait énoncé sa dernière phrase comme une fatalité immuable. Mais je n’avais pas l’intention de baisser les bras si facilement. J’avais supposément hérité de pouvoirs bien supérieurs à tout ce qui s’était vu sur la Terre des Anciens depuis une éternité, je n’allais quand même pas me faire imposer la dictature d’une déesse sans réagir.

— Cardine, j’aimerais que vous discutiez de ce fameux don avec tous les spectres. Peut-être que l’une d’entre elles sait quelque chose qui pourra nous aider.

Après un hochement de tête qui ressemblait au déplacement d’un ban de brume matinale, le spectre s’en fut.

— Des suggestions ? dis-je, exaspérée.

Je regardais mon père, ma mère et mon Cyldias, mais aucun n’avait de solution miracle. Nous avions besoin de cette magie, mais je refusais de souffrir le martyre chaque fois que je devais m’en servir.

— Qu’est-ce qui se passe si tu utilises la bonne vieille méthode de repérage pour les Filles de Lune assermentées, s’enquit Kaïn…

— Absolument rien, à part pour Maëlle qui se terre chez Morgana, et que je repère malgré la magie de cette montagne uniquement parce que je suis la Grande Gardienne. Même chose pour Animes, qui attend toujours sa libération devant le Sanctuaire de la Montagne aux Sacrifices. Il n’y a aucune autre Fille d’Alana assermentée sur le territoire de la Terre des Anciens, grommelai-je après m’être exécutée.

— Je vais consulter Pacôme et Ambroise, déclara Kaïn avant de disparaître.

— Et moi, les Insoumises, lança Andréa, avant de s’éclipser à son tour.

Restée seule avec Alix, je gardai le silence. Je lui en voulais un peu de m’avoir poussée à demander cette faveur à Alana même si, en fait, j’étais la seule à blâmer. Il était absent au moment où j’avais formulé la requête, il ne pouvait donc logiquement en être tenu responsable.

— Et si tu consultais Morgana ? Elle sait peut-être quelque chose que tous ignorent. Au point où on en est, ça ne coûte rien d’essayer.

Je devais avouer qu’il n’avait pas tort et cette visite me permettrait de rencontrer enfin Maëlle.

— Tu m’accompagnes ?

— Tu n’as pas besoin de moi et des centaines de volumes attendent que je les consulte.

J’eus droit à un magnifique sourire assorti d’un clin d’œil avant que je ne disparaisse sur la promesse de le contacter à la moindre nouvelle.

 

* *

*

 

Dès que Naïla eut disparu, Alix se pencha sur la formule que lui avait remise sa mère et qui permettait de retrouver un membre de sa famille n’importe où dans l’univers de Darius. Il y travaillait un peu chaque jour, rassemblant lentement les ingrédients nécessaires. Il avait la ferme intention d’avoir une petite discussion avec son très cher père. Il ignorait s’il était guidé par un désir de vengeance ou plutôt par un irrépressible besoin d’en savoir davantage, mais une chose était certaine : ce face-à-face était essentiel.

 

* *

*

 

Je me matérialisai à l’entrée de la caverne de Morgana, qui vint immédiatement à ma rencontre. Après les salutations d’usage, elle me questionna sur mes deux années en compagnie du spectre de Maxandre. Je pris le temps de lui parler de son idole d’autrefois avant de lui relater les derniers événements à propos du don que m’avait fait Alana.

— Je me rappelle quelques discussions à ce propos avec Maxandre. Elle cherchait elle aussi une façon de retrouver les Filles de Lune non assermentées sans avoir à demander ce don exécrable que t’a octroyé la déesse. Quelques mois plus tard, elle croyait y être parvenue, mais tu viens de m’apprendre que ce n’était pas le cas. C’est malheureusement tout ce que je sais…

La magicienne ouvrit les mains dans un geste désolé.

— J’aurai essayé, dis-je en souriant piteusement.

 

* *

*

 

— Vous êtes Naïla ?

L’Élue sursauta avant de se tourner vers la voix qui l’interpellait.

— Oui. Et toi, tu dois être Maëlle.

La Fille de Lune de Golia eut un hochement de tête timide.

— J’ai un message pour vous ; il concerne non seulement votre Cyldias, mais aussi votre père.

Avant que la Recluse puisse s’interposer, craignant la suite, Maëlle relata à Naïla les détails de son voyage vers la Terre des Anciens, la mort de sa mère aux mains de Mélijna, ainsi que l’histoire de Samalya, l’oracle des géants, aux prises avec un rêve récurrent depuis plus de vingt-cinq ans.

— Un seul détail ne change jamais d’une nuit à l’autre : Kaïn tue le jeune homme qui est censé vous protéger, conclut-elle dans un murmure.

Alors qu’elle s’apprêtait à partir, le lendemain, Maëlle avait eu l’occasion inespérée de remplir la mission qu’on lui avait confiée, lui permettant maintenant de rentrer la tête haute. Elle était convaincue que la Fille de Lune à qui elle venait de raconter son histoire veillerait à ce que le Sage épargne la vie de son Cyldias.

 

* *

*

 

À peine Maëlle avait-elle terminé son récit qu’elle s’était éclipsée. Pour ma part, mon être tout entier se révulsait devant l’horreur de ce qu’elle venait de me dire. Je tournai un visage interrogateur vers Morgana, qui hochait la tête d’impuissance.

— Je suis désolée que cette écervelée n’ait pas su te relater les faits avec plus de délicatesse. Je…

— Vous y croyez ? l’interrompis-je alors que me revenaient en mémoire les paroles entendues de la bouche de la mère de Maëlle quelques secondes avant sa mort, que j’avais récemment revécue.

La Recluse esquissa un sourire contrit.

— Inutile de me répondre, soupirai-je. Je le lis dans vos yeux. Je suppose que vous avez vu trop de prophéties se réaliser pour ne pas croire en celle-ci…

Elle soupira à son tour, orientant son regard vers l’horizon.

— Il est vrai que j’ai constaté l’accomplissement de plusieurs prophéties au fil des ans, Naïla, mais le destin des hommes n’est pas immuable. Bien souvent, ceux qui participent à la réalisation d’une prophétie sont les êtres ayant décidé que le contenu de la prédiction leur convenait…

Cette phrase pleine de sagesse apaisa légèrement mes craintes, mais je me promettais bien d’en toucher un mot aux deux hommes concernés. Ils ne m’avaient pas paru en assez bons termes pour que je coure le risque de faire confiance à la vie.

Nous discutâmes ensuite des préparatifs auxquels Morgana s’astreignait dans l’attente d’un affrontement, de même que du rôle que pouvaient y jouer les spectres qu’elle avait contribué à ressusciter. Quand je la quittai, le soleil amorçait sa descente. Nous n’avions pas trouvé le plus petit indice d’une piste de solution concernant le don d’Alana, mais j’avais emmagasiné une mine d’informations utiles dans bien d’autres domaines de l’univers des Anciens. Je promis de lui rendre visite plus souvent, mais également de retrouver Meagan dès que j’aurais le temps. Morgana m’avait fait remarquer que sa petite-fille pourrait lui être d’une grande aide. J’avais dit au revoir à Maëlle, qui s’était éclipsée dès la fin de son récit et que j’avais presque dû extirper de sa cachette. Je lui remis le talisman de sa mère, sachant qu’elle en avait exprimé le souhait. Nous ne pouvions en extraire le spectre sans son accord, même si Valinia avait droit à cet ultime honneur ; c’était une question de respect. Elle me remercia, puis me promit d’en informer Morgana si elle acceptait que sa mère revienne. Même si je l’avais peu vue, je sus que Maëlle n’avait pas, ainsi que me l’avait mentionné le spectre de Séléna, l’étoffe d’une battante, ni des pouvoirs pouvant nous rendre service. Dommage.

 

* *

*

 

Je constatai à mon retour que la journée n’avait pas été plus fructueuse pour mon père, ma mère ou le spectre de Cardine.

— La légende raconte qu’Animés fut emprisonnée par Mévérick parce qu’elle avait refusé de se joindre à lui et qu’il avait décidé d’en faire un exemple. Par contre, je n’ai jamais compris pourquoi c’était elle qui avait écopé d’une sentence d’enfermement alors qu’elle n’était pas la première à s’opposer au sorcier. Les Filles de Lune qui avaient refusé avant elle ont été tuées tout simplement. Pourquoi préserver Animés et pas les autres ?

La question de Cardine valait la peine qu’on s’y attarde, même s’il était possible que cette méthode n’ait été qu’un caprice de Mévérick. La meilleure façon d’en avoir le cœur net était de délivrer cette pauvre Fille de Lune de sa prison ; ce que nous aurions d’ailleurs déjà dû faire depuis un moment. Kaïn et Andréa partiraient donc à l’aube, le lendemain, dans l’espoir de libérer Animés et de la conduire ensuite à Ramchad.

Lasse et découragée, je retrouvai Alix dans la bibliothèque. Il avait préféré y demeurer, n’ayant rien à apporter à la question des Filles de Lune perdues et prétextant que sa relation avec Kaïn ne lui donnait pas envie de fréquenter le Sage plus que nécessaire. Ce fut la raison que j’évoquai pour amener la question du rêve de Samalya.

— Et que veux-tu que je fasse ? s’enquit Alix une fois que j’eus terminé mon récit. Je me vois mal lui demander de bien vouloir épargner ma vie le moment venu.

— Ça ne te dérange pas plus que ça ?

Cela ne m’étonnait qu’à moitié. Moi-même, je n’avais pas la moindre idée de ce que nous aurions pu faire pour éviter un désastre, mais je m’obstinais à ne pas vouloir affronter la réalité et je cherchais encore une solution simple à un problème qui ne l’était pas, loin de là.

— Tu me pardonneras de te reparler d’Oglore, mais la situation me rappelle la sorcière des gnomes et ce qu’elle a exigé des dieux en échange de son sacrifice d’une huldre. Je ne peux pas davantage influer sur mon destin que sur celui de Madox. Nous sommes forcés de vivre dans l’éventualité de certains événements en espérant que l’avenir ne soit pas celui que les oracles ou les dieux ont vu ou perçu pour nous…

Il avait conclu dans un haussement d’épaules qui se voulait nonchalant, mais sous lequel je percevais une légère tension. Je changeai de sujet, celui-ci ayant une influence néfaste sur mon moral déjà trop bas.

— Qu’est-ce que tu as trouvé ?

Je pointai du menton les piles de bouquins qui menaçaient de dégringoler d’un instant à l’autre de la table trop petite.

Il eut un sourire mystérieux.

— Quelque chose dont je te parlerai plus tard. Que comptes-tu faire maintenant ?

Je ne savais plus trop comment être efficace, dans l’espoir de sauver la Terre des Anciens, autrement qu’en me plongeant dans des volumes complexes qui ne me donnaient jamais de véritables éclaircissements. Incapable de formuler une réponse qui aurait du bon sens, je revins à lui.

— Toujours aucun indice concernant les pendentifs que Justin t’a donnés ?

Il n’était pas dupe de ma manœuvre, mais ne la commenta pas.

— Si. L’un est la réplique du mistral qui m’a sauvé la vie lors de mon arrivée sur Mésa. Le chef des sylphes m’a expliqué que le talisman permet, entre autres, de survivre sous l’eau un moment en cas de besoin. Il pense que le pendentif a dû être volé sur une dépouille de sylphe lors d’une bataille puisque c’est habituellement les femelles qui portent ces bijoux. Il m’a autorisé à le garder, mais a refusé de m’en dire davantage sur son utilité. Selon lui, il est préférable que je le découvre en temps et lieu plutôt que je sois poussé à la témérité en sachant que cette breloque peut me sauver la vie.

J’ouvris des yeux incrédules.

— Comme si quelque chose pouvait te rendre plus téméraire que tu ne l’es déjà…

J’eus droit à un véritable sourire qui me dévoila ses canines indisciplinées. Je lui fis remarquer, nostalgique, qu’il souriait trop rarement.

— Les occasions ne sont pas légion, Naïla…

Le sourire avait été remplacé par une mine sérieuse qui accentua ma nostalgie. Je soupirai.

— Et les deux autres ?

Il m’expliqua la fonction de la pièce de monnaie à l’effigie de Darius, qu’il ne portait d’ailleurs plus, l’ayant magiquement replacée dans la frise décorative de la bibliothèque.

— Je n’ai pas la moindre idée de ce que peut ouvrir la clé, conclut-il. Tu ne m’as pas dit si Kaïn ou ta mère avait trouvé une piste de solution à ton problème.

Je lui relatai notre brève rencontre et la remarque de Cardine, l’informant finalement du départ de mes parents.

— Des nouvelles de Foch ?

Signe de tête négatif.

— Je ne sais si je dois m’en réjouir ou non. Wandéline et lui devraient avoir besoin de sang de dragon ou d’eau de la source des fées très bientôt. Pourtant…

J’émis une hypothèse :

— Peut-être Wandéline a-t-elle décidé d’aller chercher elle-même ce dont elle avait besoin. Elle ne doit pas être très enthousiaste à l’idée de te demander ton aide une fois de plus…

— J’espère que ce n’est que ça…

J’eus soudain la chair de poule. Je n’aimais pas du tout ce que sous-entendait cette phrase.

 

Quête d'éternité
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